GRCI 2025 | RA sur biscupidie
Rétrécissement aortique sur bicuspidie : entre chirurgie et TAVI, les lignes bougent.
Entretien croisé avec Thomas Modine et Nicolas Dumonteil – GRCI 2025
Le rétrécissement aortique sur bicuspidie s’impose aujourd’hui comme un terrain clé d’évolution pour les stratégies thérapeutiques. Alors que les recommandations récentes abaissent l’âge d’implantation du TAVI à 70 ans, la prise en charge de ces patients, souvent plus jeunes et aux anatomies complexes, soulève de nouvelles questions.
À l’occasion du GRCI 2025, Charlotte Trouillet a interrogé Thomas Modine (CHU de Bordeaux) et Nicolas Dumonteil (Clinique Pasteur, Toulouse) sur les critères de décision, les profils anatomiques à privilégier et les perspectives offertes par les dernières innovations.
Des recommandations qui redéfinissent les pratiques
Les nouvelles guidelines marquent un tournant : abaisser à 70 ans le seuil du TAVI élargit considérablement le nombre de patients bicuspides susceptibles d’en bénéficier.
Pour Thomas Modine, il est cependant essentiel de rappeler que « chez un patient à bas risque opératoire, chez qui une chirurgie peut être réalisée dans de bonnes conditions, la chirurgie reste la référence ».
En revanche, pour les patients présentant des comorbidités ou un risque opératoire accru, « le TAVI est aujourd’hui une alternative légitime, à condition de bien sélectionner les cas et de maîtriser les profils anatomiques adaptés ».
Identifier les bons candidats au TAVI
La clé de la sélection repose sur une analyse fine du scanner cardiaque, comme le souligne Nicolas Dumonteil : « On sait désormais identifier les phénotypes de bicuspidie favorables au TAVI. Les patients sans calcifications sévères du raphé ou des cuspides constituent de bons candidats, à condition d’utiliser les plateformes les mieux adaptées. »
L’expérience clinique, désormais solide, montre la faisabilité du TAVI avec plusieurs types de valves disponibles en France. Toutefois, les experts rappellent l’importance du recul clinique et de l’adaptation de la prothèse à chaque anatomie.
Au-delà de l’aortique : vers un nouvel équilibre dans le mitral
La discussion s’est également ouverte sur le traitement percutané de la valve mitrale, où les options de réparation et de remplacement continuent d’évoluer.
Selon Nicolas Dumonteil, « la réparation garde toute sa place, notamment pour les IM primaires avec anatomie favorable ». Mais pour certaines situations plus complexes — IM secondaires, calcifications annulaires importantes —, « le remplacement percutané pourrait, à terme, devenir une alternative de première ligne, dès que les dispositifs répondront pleinement aux contraintes anatomiques ».
Thomas Modine complète : « Réparation et remplacement ne doivent pas être opposés, mais considérés comme deux approches complémentaires. L’avenir verra probablement coexister les deux, selon les profils anatomiques et les parcours des patients. »
Une vision partagée de la cardiologie interventionnelle
Cette table ronde illustre l’esprit du GRCI : confronter les expériences, faire dialoguer les pratiques et partager les enseignements issus du terrain.
Les progrès du TAVI dans la bicuspidie, la compréhension des anatomies complexes et les innovations en matière de valves percutanées ouvrent des perspectives majeures pour les années à venir.
L’objectif reste le même : proposer à chaque patient la solution la plus sûre, la plus durable et la mieux adaptée à son profil.
Regardez l’interview complète pour retrouver les échanges entre Thomas Modine et Nicolas Dumonteil autour de la bicuspidie, du TAVI et de l’avenir des thérapies valvulaires percutanées.